Un jour on l'appela au bureau de sa compagnie; on avait à lui annoncer qu'il était désigné pour la Chine, pour l'escadre de Formose!...
Il se doutait depuis longtemps que ça arriverait, ayant entendu dire à ceux qui lisaient les journaux que, par là-bas, la guerre n'en finissait plus. A cause de l'urgence du départ, on le prévenait en même temps qu'on ne pourrait pas lui donner la permission accordée d'ordinaire, pour les adieux, à ceux qui vont en campagne: dans cinq jours, il faudrait faire son sac et s'en aller. Il lui vint un trouble extrême: c'était le charme des grands voyages, de l'inconnu, de la guerre: aussi l'angoisse de tout quitter, avec l'inquiétude vague de ne plus revenir.
Mille choses tourbillonnaient dans sa tête. Un grand bruit se faisait autour de lui, dans les salles du quartier, où quantité d'autres venaient d'être désignés aussi pour cette escadre de Chine.
Et vite il écrivit à sa pauvre vieille grand'mère, vite au crayon, assis par terre, isolé dans une rêverie agitée, au milieu du va-et-vient et de la clameur de tous ces jeunes hommes qui, comme lui, allaient partir.