LA RONDE DU MEURTRE

La Mort m'avait dit : « Console-toi, c'est Dieu qui inventa le meurtre. »

Épilogue

Le beau Diurne était étendu sous le soleil. Il chantait, et tous les bruits du monde chantaient avec lui. Le beau Diurne était blond, d'un blond doré, et il portait sur son visage les douleurs de la vie. Il régnait depuis longtemps sur le monde, les hommes l'aimaient mais sa lumière lassait leur vue. Alors le jeune Nocturne vint. Il était brun et son visage, quoique beau, était gris. Il dit :

— Diurne, ton règne s'achève.

— Non, sourit Diurne, et il continua à chanter.

La déesse du Temps survint. Nocturne la prit à témoin.

— N'est-il pas vrai que son règne s'achève ?

— Hélas ! dit-elle en pleurant.

Chaque brin d'herbe reçut une de ses larmes.

Diurne s'arrêta de chanter, il se leva et demanda :

— Et qui doit régner à ma place ?

— Moi, dit Nocturne.

— Jamais !

— Si, dit Nocturne, et la déesse du Temps sera mon épouse.

— Ton épouse ? Ma douce déesse ?

Diurne tira son épée, Nocturne en fit autant. Le combat commença. Il fut long. Le soleil devenait rouge, et le sang des blessures ruisselait sur sa face. Puis, comme vidé, il bascula, avec Diurne vaincu, derrière le monde.

Nocturne régna aux côtés de la déesse du Temps. Pour leurs amours, la Terre devint une couche odorante.

Ils s'aimèrent, les heures passèrent.

— Je ne me lasserai jamais de toi, affirmait Nocturne. Nous vivrons éternellement heureux.

— Hélas, murmura la déesse, un autre naîtra, qui te tuera.

Elle mit au monde un enfant. C'était un fils de Diurne.

Alors les coqs chantèrent.