— Je vous écoute, dit le juge Pompard.

Sainte-Thérèse avança de quelques centimètres ses maigres fesses sur le bord de sa chaise. Le juge regarda cette reptation avec intérêt ; il se demanda quelle attitude adopter pour le cas où la vieille servante viendrait à choir.

— Je vous écoute, répéta-t-il sans marquer d'impatience.

— Eh bien, voilà, commença Sainte-Thérèse, c'est pour le pauvre défunt de la morgue… Je crois bien, mon juge, que je me suis trompée et qu'il ne s'agit pas de lui…

Pompard, qui connaissait les dessous de l'histoire, maîtrisa un mouvement d'allégresse.

— Inscrivez ! ordonna-t-il à son greffier à tête de masturbé encéphalique.

— Bien sûr, il ressemble à mon pauvre maître, il lui ressemble comme un jumeau, mais ça n'est pas lui.

— Voyons, fit le juge par esprit de conscience ; vous ne revenez pas sur votre premier témoignage pour innocenter le neveu de monsieur le colonel Borrel ?

— Oh, pas du tout ! fit vivement Sainte-Thérèse. Il peut bien moisir en prison, le gredin, doux Jésus !

— Alors, quelle est la cause de vos nouvelles déclarations ?

La servante avança encore sur son siège : maintenant, elle n'avait plus de contact avec lui que par l'épine dorsale de son corset.

— Un détail, balbutia-t-elle, un petit détail m'a prouvé que ça ne pouvait être lui. Mon maître était officier de la Légion d'honneur ; il attachait un grand prix à sa rosette et la portait sur tous ses vêtements, y compris sur sa robe de chambre, son imperméable et son pyjama. Il ne serait jamais sorti sans elle…

— Alors ?

— Alors, je me suis souvenue que le mort de la morgue n'était pas décoré. Je suis retourné vérifier. Je ne me trompais pas…

Le juge trouvait l'argument bien fragile.

— Peut-être cette rosette a-t-elle disparu pendant le transfert du corps ? objecta Pompard.

— Non, dit Sainte-Thérèse, car lorsqu'on enlève la décoration, elle laisse au revers du vêtement une petite tache ronde comme de la moisissure. Et puis, je vous avouerais, ajouta la vieille fille, que j'ai regardé le corps (elle se signa) de plus près. Ça n'est vraiment pas Monsieur…

Pompard était enchanté par la tournure que prenaient les événements. Il avait passé une nuit blanche, non que le remords le torturât, mais parce qu'il redoutait que Maurice fît des révélations au sujet de Jango, ce qui, invariablement, aurait provoqué une catastrophe. Déjà, il avait été dans l'obligation de mettre la police au courant de l'histoire du pavillon à louer. L'inspecteur Pinaud enquêtait de ce côté-là et il redoutait que l'intelligent policier découvrît le pot aux roses chez Jango. Mais l'espoir renaissait dans son cœur.

— Ma foi, fit-il, si vous êtes aussi affirmative… Il y a longtemps que vous êtes en service chez le colonel ?

— Vingt ans !

— Vous faisiez la cuisine ?

— Oui…

— Vous réussissez bien le bœuf braisé ? demanda-t-il d'un ton gourmand.

— Mais… oui ! dit Sainte-Thérèse.

La surprise manifestée par la vieille bonne ramena Pompard à la réalité.

— N'inscrivez pas ceci, dit-il au greffier.

Le masturbé encéphalique fit à son chef un signe rassurant.

A ce moment, il se produisit un choc mou.

Les deux hommes se précipitèrent pour relever Sainte-Thérèse qui venait de glisser de son siège.

* * *

Maurice respira voluptueusement l'air capiteux de la liberté. Il huma le vent de Paris, puissant et doré comme un athlète, et, à pas lents, se dirigea vers Montparnasse.

Les paroles d'adieu du juge tournaient dans son crâne.

— Monsieur, lui avait dit le magistrat après qu'il eut ordonné à son greffier de sortir, nous avons la preuve qu'en effet le décédé de la morgue n'est pas votre oncle. En conséquence, nous vous relâchons. Il n'empêche, et je vous le dis en tête à tête, que je suis persuadé de la mort de M. le colonel Borrel. J'ai aussi la conviction que vous avez joué un très vilain rôle dans cette disparition. Je vais donc vous faire une confidence et vous donner un paternel conseil…

« Nous avons, pour les besoins de l'enquête, fait ouvrir le testament de votre parent ; je puis vous apprendre qu'il vous a déshérité au profit d'une de ses maîtresses, une certaine Albertine Catin, dite Barbara ; vous n'avez donc aucun bien matériel à attendre de ce côté-là.

« Partant de cette certitude, je m'autorise à vous dire, jeune homme : Halte-là ! Fuyez cette ville de perdition, que vous ayez ou non l'âme en paix. »

Le juge s'était interrompu… pour respirer, croyait Maurice ; en réalité, il cherchait des arguments destinés à convaincre le garçon de la nécessité de partir. Pompard estimait que la présence à Paris de ce débauché était dangereuse pour Jango et… de ce fait, pour lui.

— N'hésitez pas une seconde, avait-il insisté. Le salut, pour vous, est à ce prix. Vous venez de tâter de la prison, je suppose que cette expérience aura été salutaire. Pesez bien mes paroles et surtout faites-en votre profit. Monsieur, j'ai bien l'honneur de vous saluer, en espérant qu'il s'agit d'un adieu.

Mot pour mot, Maurice se répétait ce discours ; il le savait par cœur en arrivant chez Barbara.

— Mais c'est Maurice ! cria joyeusement la jeune femme. Entre vite, Jango est justement ici, tu vas nous donner tous les détails.

Maurice pénétra dans le studio et serra la main que Jango lui tendait. Il fit une caresse à Flick et s'assit sur le canapé avec accablement.

— Tu as l'air las, dit Barbara.

— Mais c'est que je le suis…

Il raconta les phases de son court internement. Ses interlocuteurs recueillaient ses confidences à grand renfort d'onomatopées. Barbara, bonne fille, essuya son émotion avec le mouchoir de Jango. Puis elle alla chercher un reste de Cointreau, car il convenait de fêter dignement la libération du jeune homme vénéneux.

— Je vais t'en apprendre une bonne, fit Maurice en concluant : Sais-tu qui hérite de la fortune de mon oncle ?

— Non.

— Toi !

— Moi ?

— Oui.

Jango se hâta de se mettre à l'unisson en produisant une exclamation de valeur.

— Oh ! Oh ! fit-il.

* * *

Barbara s'était assise aux côtés de Maurice. Ses bras pendaient comme des ailes brisées.

— Il était maboul, ton oncle, ou quoi ?

— En tout cas, remarqua tristement Maurice, il t'avait à la bonne et ne m'aimait pas beaucoup. Il eut un rire amer : Tu te rends compte d'une ironie… Je le fais zigouiller par ton copain moyennant cinquante billets, et c'est toi qui vas palper le gâteau…

— J'en suis encore tout étourdie, murmura Barbara en sanglotant.

— Ah non ! cria Maurice, on ne joue pas Manon … Une courte colère enflamma son visage : Ce nom de Dieu de vieux phoque m'aura enchosé jusqu'au-delà de la tombe !

— Taisez-vous ! ordonna Jango. Respectez la mémoire du cher homme, si vous ne voulez pas qu'il vous arrive malheur !

Le neveu en eut le sifflet coupé.

— Non, mais, tu l'entends ? dit-il à Barbara. Le voilà qui se pose en défenseur de la morale, maintenant, ton bourreau de poche !

Fébrilement, Jango défit un grand paquet posé sur une chaise. Il mit au jour une toile représentant des abricots.

— Respect à cette image ! intima-t-il.

Maurice regarda attentivement les abricots sans comprendre.

— Je vous demande pardon, dit Jango en découvrant son erreur.

Il retourna la toile.

Le jeune homme vit alors le moite regard de son oncle brusquement posé sur lui. Il sursauta et pâlit.

— C'est lui qui a peint ça, avertit Barbara ; tu te rends compte d'une patte qu'il a ! Y a pas à dire… C'est un monsieur…

Maurice ne pouvait détacher ses yeux de ceux du tableau. L'air bon et sentimental du colonel creusait en lui le terrier du repentir. Sous ce regard, son cynisme fondait. Tous les germes des vertus qu'il portait en lui se développaient comme des bourgeons dans un film documentaire, crevaient son venin et éclosaient, et s'épanouissaient, et devenaient luxuriants…

Il mit sa tête contre l'épaule de Barbara, pareil à un enfant têtu qui ne peut contenir davantage sa peine, et il éclata en sanglots.

— Allons, allons ! balbutia la jeune femme. Faut pas pleurer comme ça, mon petit Mau-mau…

— Laisse couler les larmes du repentir, conseilla Jango. Ce jeune homme m'a l'air d'avoir trouvé la route de la réhabilitation.

— Oui ! fit Maurice avec feu en redressant son visage inondé. Je suis un salaud ! Mon oncle ! Oh ! Mon bon oncle… Pardon !

Il se mit à genoux (hiboux, joujoux, cailloux…, pensa Jango devant la toile). Il contemplait, désespéré, l'image de la bonté, du courage, de l'honnêteté…

Il s'accusa, en se frappant la poitrine, des forfaits qu'il avait commis et de ceux qu'il avait pensé commettre.

— Mon oncle ! s'écria-t-il en étendant le bras et en frappant le parquet du talon, ainsi que procède M. Jean Chevrier[2] pour exprimer la détermination ; mon oncle bien-aimé, je fais le serment de suivre votre exemple ! Désormais, ma vie sera à l'image de la vôtre. De ce pas je vais m'engager dans l'armée…

— Allons, dit Barbara à Jango, cache cette toile ! Tu ne vois pas qu'il se met à déconner…

Jango obéit.

— Tu as tort de parler comme ça, objecta-t-il doucement. Le remords est une bonne chose…

— Ah ! Vous me comprenez, fit Maurice. Quel être curieux vous faites… N'ai-je pas raison de vouloir m'engager ?

— C'est une riche idée, admit Jango. Quelle arme allez-vous choisir ?

— Les méharistes, les tirailleurs, l'infanterie de marine… N'importe laquelle, pourvu qu'elle m'emporte loin d'ici, sur la route de la gloire, de l'honneur et des vertus françaises…

— Crois-tu que l'aspirine lui ferait du bien ? interrogea Barbara.

Jango haussa les épaules.

— Cette réaction est normale…

Une dernière fois, le neveu s'agenouilla devant son oncle, après quoi il fit le salut militaire et sortit en sifflant La Marseillaise.

— Il ne t'inquiète pas ?

— Non, dit Jango. Au contraire, je crois qu'il est hors de danger.

— Un gars qui parle de l'Afrique, de l'Indochine, de l'armée et de l'honneur, tu trouves qu'il est hors de danger, toi ? Eh ben, mon colon… Oh pardon ! fit-elle en regardant le colonel.

Jango consulta sa montre.

— Si tu veux bien, nous y allons…

— Où ça ?

— A la galerie, parbleu, pour cette histoire de Braque. J'y ai un rendez-vous avec plusieurs personnes…

— Dans ces conditions… Le temps de mettre un bibi et je suis à toi… Si j'ose dire, ajouta-t-elle en souriant…

Elle devint grave ; chez elle, la gravité était une sorte de souffrance.

— Ça ne va pas ? demanda Jango.

— Sais-tu l'idée qui me vient ?

— Je t'écoute…

— Puisque je vais hériter du vieux… Excuse-moi : du colonel…

— Oui ?

— Je ne vais plus avoir besoin de travailler…

— Tu as de la chance…

— Sans travail, je vais m'embêter, la chose est courue. Tu sais, on se fatigue vite à ne rien faire…

— Je n'en doute pas.

— On pourrait se marier, murmura-t-elle timidement. Tu sais, Jango, tu es le plus chic type que je connaisse, et je t'aime gros comme…

Jango la prit par les épaules. Il l'attira contre son cœur et se mit à lui mordiller les cheveux.

— Tu es gentille, ma petite Barba…

Il renifla son émotion :

— Mais je ne peux pas accepter, je ne suis pas seul, tu le sais…

— Évidemment que je le sais ! On habiterait tous ensemble, ce serait au petit poil ; et l'hiver, on demeurerait chez le colonel. Il a un appartement immense… Tu peindrais…

— Ce ne serait pas commode pour mon travail, objecta Jango qui faiblissait rapidement.

— Justement, tu te reposerais.

— On ne peut pas, dans mon métier… La clientèle commande ! Souvent, le type qui veut faire décéder sa femme ou sa belle-mère se décide tout d'un coup…

Barbara se dégagea, elle mit ses yeux pleins de volonté dans ceux de son ami.

— Et pourquoi que tu laisserais pas tomber ce métier-là ? Maintenant que tu es un grand peintre, tu feras d'autres tableaux et tu les vendras très cher, comme Picasso…

— Nous discuterons de cela plus tard, dit Jango.

* * *

Quand ils pénétrèrent dans la galerie, Pichaud se précipita sur eux.

— Je craignais que vous ne vinssiez pas ! soupira-t-il.

Un gros homme suiffeux et verdâtre sortit de l'ombre et s'avança vers Jango.

— Brumeinstopfieldicovtchi, dit-il.

Après quoi, il respira.

Jango porta l'index à ses oreilles et, par une mimique appropriée, indiqua à son interlocuteur qu'il n'entendait que le français. Le gros homme sourit tendrement.

— Je suis M. Brumeins…

— Excusez-moi, s'empressa Jango.

Pichaud prit la toile et la déplia fiévreusement. Il présenta les abricots à l'expert.

— Qu'en dites-vous, Brubru ? C'est une petite chose inouïe, hein ?

Le visage lombaire de l'expert s'allongea comme s'il se fût trouvé devant une glace déformante.

— C'est de la m…. ! affirma-t-il sans l'ombre d'une hésitation.

— Ça n'est pas un Braque, ça ? trépigna Pichaud.

— Ça n'est même pas de sa concierge, dit Brumeins… (et la suite). Je m'étonne, mon cher, que vous vous soyez laissé abuser par cette pâle inspiration.

Pichaud paraissait tout contrit. Il déposa la toile sur un chevalet, mais, par mégarde, il la présenta côté colonel.

L'expert poussa un cri qui fit s'arrêter les passants.

— Formidable ! dit-il.

Pichaud regarda et, du coup, oublia les faux abricots.

— Mais, dit-il à Jango, vous l'avez retouché !

— Un peu, avoua le grand peintre.

— Cette chose est de vous ? rugit Brum… (etc.). Pichaud ! Ce garçon a peint le tableau le plus exceptionnel de ces dix dernières années ! Et vous venez m'emmerder avec un caca de copiste !

Il s'approcha de la peinture, à la manger, sortit une loupe de sa poche et examina chaque millimètre du chef-d'œuvre.

— Monsieur, dit-il avec emphase, je vous salue !

— Il te salue, chuchota Barbara, troublée.

Pichaud regardait la toile de tous les points de la pièce.

— C'est beau, criait-il. C'est étrangement beau. C'est sauvagement beau. C'est puissamment beau. C'est grand. C'est vaste. Ça a de la gueule. De l'énergie. C'est une forteresse. Ça casse tout. Ça écrase. Ça vous prend là… Là et là. Ça pulvérise. Ça parle. Ça dit tout. Ça…

Il éternua et le reste de son enthousiasme partit dans son mouchoir.

Sur ces entrefaites, l'inspecteur Pinaud entra.

— J'ai eu de la peine pour arriver jusqu'à vous, dit-il. Mon vieux, votre toile fait fureur ; regardez-moi ce populo qui se presse devant la vitrine pour essayer de contempler votre chef-d'œuvre !

Jango et Barbara se retournèrent. Comme l'annonçait le policier, un groupe important s'écrasait contre la vitre de la galerie avec des figures ravagées par l'admiration.

— Alors, ce Braque ? s'enquit Pinaud.

— Il est faux, vous aviez raison…

Pinaud regarda le colonel jusqu'à l'ivresse, puis s'en détourna comme on se détourne d'une trop forte lumière.

— A propos, fit-il, hier j'ai complètement oublié de vous parler de l'objet de ma visite… Figurez-vous que je voulais vous entendre au sujet de la disparition de deux femmes dont on supposait qu'elles vous avaient rendu visite…

La joie de Jango s'évapora et il sentit la main de Barbara se crisper sur son bras.

— Mais, reprit Pinaud, j'ai bien fait de ne pas vous tracasser avec cette histoire ; mon enquête, que j'ai poursuivie aujourd'hui, m'a révélé que ces deux femmes étaient lesbiennes. Un employé de la gare du Nord croit les avoir aperçues dans le train de Bruxelles. Sans doute ont-elles fichu le camp ensemble. Je suis embêté d'apprendre ça au juge Pompard : ça la fiche mal de savoir qu'on est cocufié… Surtout par une femme !

— Baste, dit Barbara en exhalant un soupir de soulagement. Que ce soit par une femme ou par un homme, ça ne fait jamais plaisir…

Jango ne put proférer une parole. A nouveau la reconnaissance — car il s'agissait là d'un nouveau miracle du colonel — lui ôtait toute possibilité de se manifester…

Ses yeux cherchèrent ceux du vieillard et les trouvèrent. Une affectueuse complicité se lisait dans ceux de l'officier. Le colonel Borrel, au faîte de sa gloire, donnait à celui qui l'avait immortalisé l'éloquente et solennelle assurance de sa protection posthume. Impeccable derrière son grand cordon, il subissait avec une tranquillité heureuse les regards des hommes, la loupe des experts, les adverbes des critiques…

* * *

Brumeinstopfieldicovtchi, le grand expert français, celui qui construisait des vedettes, démolissait des règles, édifiait des gloires, en un mot faisait la pluie et le beau temps dans le monde du pinceau, s'approcha de Jango et lui prit le bras.

— Mon petit, chuchota-t-il, votre fortune est assurée. Laissez-moi faire : dans huit jours, le monde entier vous connaîtra. Nous allons signer un petit contrat tous les deux… Je me contenterai de trente-trois pour cent. Vous n'aurez qu'à peindre… Je ne vous en demande pas davantage. Je m'occuperai de tout : expositions, placements, publicité…

— Vous êtes bien aimable, remercia Jango.

— Vous ne connaissez pas la gloire ? Eh bien, je vais vous en fiche, moi !

Une lueur affectueuse palpitait dans son regard faisandé.

— Les honneurs, l'argent ! Ah, mon gaillard…

Il se fit plus confidentiel :

— On va commencer tout de suite, décidat-il. Justement, ce soir, je dîne avec le ministre de l'Éducation nationale… Je lui parlerai de vous, uniquement de vous… Entre nous, mon vieux, la Légion d'honneur, ça vous ferait plaisir ?

FIN

Les Mureaux, 1950–1951.