Un officier d’ordonnance, maigre comme un rayon de vélo, à l’œil bleu-des-mers-du-Sud et à la moustache en brosse à cils, m’introduit dans le bureau du major Parkings.

Ce dernier se dresse et vient à moi la main tendue.

— Félicitations, commissaire, voilà de la bonne ouvrage, comme on dit chez vous. Vous avez ajouté un chapitre de plus à votre légende.

— Passez la main, lui dis-je en souriant.

— Alors, un coup de rye ?

— All right, j’aime mieux ça.

Il décapsule un flacon aux formes et à la couleur intéressantes. Il m’en verse un plein verre, sans eau. Ce qui prouve qu’il estime mon estomac au même titre que mes capacités.

— Vous avez ramené deux personnes, paraît-il ? Un officier de la Gestapo — nous l’avons dans nos geôles — et aussi une jeune femme sur le compte de qui je sais fort peu de choses…

— Rien à voir avec le boulot, major, affirmé-je. C’est une souris qui me veut du bien. J’ai toujours la manie d’en ramener une de mes voyages.

Il sourit.

— Damné garçon, murmure-t-il. Vous en avez rencontré beaucoup de… souris, au cours de cette mission ?

— Trois, dis-je. Deux sont mortes, tuées par des balles nazies. Les souris ont la peau tendre cette année, vous savez, major !

FIN