74. М. П. БАГРЯНСКIЙ—А. М. КУТУЗОВ.У.

Москва. 29 января, 1791.

Cher et respectable ami!

Је пе dois plus vous 1aisser languir dans l'incertitude sur топ voyage

de S-t ее deEi M[oseo]u. Dieu је l'ai fiit,

sans апсип accident facheux et је те trouve depuis plusieurs mois dans ипе

сатраопе de топ ami. Vous nre demanderez, peut etre, pourquoi n'avais-je

pas bcrit ип seul mot, ип ami, qui т'а cornblb de bienfaits et qui m'aime

II6las, les circonstances exercent sur l'esprit des morte1s ип tel

pouvoir qu'on est oblige; quelquet•ois de contrecarrer ses propres sens et ses

inclinations, ои оп est mis hors du combat. Mais tr&ve de compliments,

vous devez etre que се n'est pas faute de reconnaissance, que је n'ai

pas donn6 аисипе nouvelle de топ heureux retour. Tous nos amis se рот-

tent bien. Vos commissions sont remplies, si vous еп exceptez мпе, c'est

dire, Ia remise (Типе lettre. La raison еп est telle, que Та personne, роит

laque11e vous те l'avez donnde, пе rdside plus P[etersbour]g. Је n'ai pas

ри savoir, ой elle est preksent. Је garde donc votre lettre chez moi, сат

serait inutile de vous la renvoyer, се que је pense. Lord Ramsay

х) est

revenu avant moi, vous пе le reconnaitrez plus, il est tout•h-fait chang6

de corps et d'dme. Tous сеих qu'il а daign6 de ses visites se sont brouille;s

avec lui dt)s l'instant тёте de son entre{e. П dit mille choses de nous, choses

vraiment dT61es. Il donne аи public ип journal, le plus mauvais sans doute,

qu•on peut p"senter аи топае bclaire;. Il eroit nous enseigner des choses,

que nons n'avons jamais connues. Tout се qui regarde Та patrie, est dit avec

mepris et ипе injustiee vraiment criante. Tout се qui regarde les pays („Gtran-

oers у est dit avec extase. Elltr•e autre pauvre. Livonie est maltrait(e аи

derniet• degre3. Il faut la passer, dit-i], ]es уеих La chd•re Courlande.

n'est rien moins que la terre pt•omise, et il est dtonuant, com:nent les Juifs

se sont trompe;s. Il se dit le prernier dcrivain russe, il veut nous enseigner

notre langue maternelle, que nous u•entendons диёте, c'est lui qui nous

ouvrira 1es trdsors cachds. Son journal est еп [Отте de lettres. Il у а cldjh

ипе. centaine de souscripteurs. Роит vous donner quelques i(ldes de son

style excellent је vous citerai quelques тотсеаих des lettres qu'il adrosse

ses милые. Mais се n'est pas pr(sent. Il те тёп:ще- pourtant et certes

c'est роит avoir• еи l'honneur de voyager сотте lui. Dieu veuille nous

donner ип реи plus de bon sens. Л1ех. Мех. * * ) est toujours son ami

intime et son apologiste le plus zeld, nous autres qui tenons encore les

anciens prejugds, nOUS sommes des envieux, qui loin (le pouvoir• imiter les

' ) Н. М. Карамзинъ.

А. А. Пдещеевъ.

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