1885

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tion de la 113011naie de nickel, поп сотте monnaie divisionnaire,

intermbdiaire entre [е bi[10n et la monnaie d'argent bas titre,

роит des pil•ces sup&ieures 5 kopeks de valeur nomin11e„

М. de Jacobi croyait тёте la possibilitb de frapper еп

nickel des pi&ces de 10, 15 et тёте de 25 kopeks (четвер-

такт.); ои ип franc, dont il avait l'idbe de faire ипе nouvelle

unitb Russe, laque[le il proposait de donner 1е пот

roublik (petite rouble), Цехетр]е de 1'Allemagne, laque[le стои-

vant [е reichsthaler ипе unit& trop forte, а introduit le marc,

ои tiers d'un valant intrinsbquement 125 centimes,

М. de јасоЫ пе dout1it nullement d'amener [е Mini?tre des

Finances ces id&es, dont l'utilitb saute аих уеих. et nul besoin

dktre Мак М. de Jacobi mourut avant d'avoir atteint

son but зиг ces entrefaites, et sa топ entraina l'abandon то-

mentan& de question de la monnaie de nickel еп Russie.

Mais si l'intrtx{uction du nickel а perdue momentan&

ment de еп Russie, les circonstances et le temps ont tra-

la mettre еп relief. Voili la France qui se dbcide

1'introduire chez e[le, malgr& la surahondance de sa monnaie

[Рог et d'argent.

Depuis la mort de М. A[1ard p&re, sOn fls ain&, М. Alphonse

Allard, longtemps son associd, et par consdquent vers& dans toutes

ses afaires, а pris за succession сотле chefde la maison de banque,

ct Directeur-Entrepreneur de lH5tel des Monnaies de Bruxelles.

Cest еп cette double qualitd чае М. Alphonse Allard est

чепи те trouver Paris роит те demander ой еп &tait l'af-

faire des monnaies de nickel, embrass&e si chaleureusement

раг son рёте. Il lui paraissait impossible, те dit-il, [е Сои-

vernemcnt Russe l'etit abandonnd:e, et cela аи moment ой la

France elle-meme vient de se ddcider adopter les monnaies

de nickel, раг ellc aussi сотте sup&rieures, er

раг consequent сотле prbf6rables аих monnaies de billon.

М. All,Trd f1s а informd des intentions de [а France

cet bgard раг ses relations avec 1'H6tel des Monnaies de Paris,

qui а r6clam{• le concours de seS lumi&res.

Nous venons de pacler de 1а surabondance des monnaies

d'or et d•argent еп France; сеце surabondance est-elle ип bien

роит ипе nation? et qui la France еп est elle redevable?

C'est се чие је crois utile d'expliquer ici.

LEmpereur Napol&011 Ш consid&rait tort, сотте son

опс1е, l'argent сотте le nerf de la guerre (c'est lh ипе id&e

napol&onienne), et Н employa toutes les ressources de Егапсе

la doter d'un immense capital еп n#taux pr&cieux, capital

st{rile, chosc reconnue aujourd'hui. П а rekussi аи - deli тёте

de ses esp&rances et еп d&passant toute mesure, puisque, sous

son r&gne il а frapp&, son effgie, еп seules pi&ces

роит six milliards-cent cinquante ип millions-neuf cenr-soixante

ип mille six cent francs (chifre officiel inscrit l'annuaire du

bureau des Longitudes, [885, р. 318), sans compter 1es

d'argent, c'est-h-dire ипе quantitb supbrieure h tout се qui а ektb

frappd par T0us les souverains ses prdd&cesseurs depuis Clovis.

L'Empereur Napolelon Ш, qui se croyait ип grand &conomiste,

avait oubliek, dans cette circonstance, ипе des grandes rekgles de

[а science &conomique, savoir: qu'une nat1011 пе peut et пе

.doit avoir, еп numdraire m&tallique, qui est ип capital st{rile,

que la quantit& strictement n&cessaire ses besoins circulatoires.

Si cette quantit& d&passe Те 11iveau vou1u, les prix dc chaque

chose haussent imm&diatement, et doublent et triplent тёте

sclon progrcssion prise раг [а quantite de numbraire еп cir-

culation. Malheureusement сс sont des faits dont оп пе se rend

compte чие lorsque hausse s'est produite, er qu'il n'est plus

possible de l'arrEter„

Si l'invasion Allemande (1? plus grand d&astre que Та Fra11ce

ptlt subir) venue ill&ger [е poids de cette accurnulation

du gros num{raire еп ran;onnant 1а Frmce de cinq

milliards, peut-etre la crise monbtaire qui devait t>tre 1л suite

intvitable d'une parcille situation mon{taire aurait-elle caus&

[а Егапсе ип d&sastre аи moins ekgal, sinon sup&rieur, аи

sastre de la диегге 1870—71. Мт. Thiers, usant de сетте immense

ressource que mettait entre ses mains le stock m{tallique,

par l'Emperetr, а ри d&livrer le territoire раг le paiement :t11ti-

cipb de [а rangon, се qai lui а valu le titre de Lib&ateur; а

ри тёте guekrir еп partie 1es plaies de la France; 111ais c'est

bien l'erreur bconomique de l'Empereur, ипе de pr&-

voyance inconsciente du Souverain, qu'est се grand r&sul-

tat. Ne serait-il donc pas iuste de lui еп tenir compte, аи lieu

de lc рауег Шипе odieuse ingratitude. Le tort de Napol&on Ш

est d'avoir vaincu h S&dan. Les d&rets de Dieu sont imp&-

n&rables!

La Russie se trouve dans ипс situation t0ut oppos&e селе

de [а France: elle soufrc du manque de num&aire, et cherche

у rem&dier, сотте [е prouvent la convocation du Сопдг&

de Moscou et 1es questions qui lui опт sottmises. Si donc

France, malgre [а surabondance de son nu1n&rairc, а trouvt.k

des motifs suffsants роит adoptcr la monnaie de nickel, qui

cst ипе monnaie stdrile, сотте toute monnaie doit 1'&tre,

qui а l'avantage, сотте le veut 11 science, de n'&tre pas ипе

richesse— pourquoi la Russie n'adopteiait-elle pas, h son tour,

lc nickel — monnaie, dans les tenues pr&cisL3s раг la scicnce?

Еп efFet, Ad[1'11 Smith n'a-t-il раз dit: que la monnaie

argent п'ея qu'une roue qui fait circuler les marchandises;

qu'il 11'у а nulle ne;cesSite que cette roue soit еп m&taux ргё-

cieux, 01' ои argent; que tout се qu'on lui demande c'est de

circuler vite et de пе pas casser.

David Ricardo, son et son continuateur n'a-t-il pas

soutenu cette doctrine, bien тёте dcs conclusions de

son maitre, еп proclamant: quc la monnaie еп me%taux pr6cieux

est le pire de tous les instruments dc circulation, рагсе qu'elle

cst sttrile, qu'e11e cotlte trop et s'use еп circulant et чие се

qu'il у а de mieu.x сотте тоуеп d'&change, c'est [е papier—

топпа1е.

La discussion de cettc thbse nous 111&nerait trop loin.

Disons seulement, commeAdam Smith, Чие lc p1us grand ddfaut

de monnaie еп metaux pr&cieux est de cotter toutc sa valeuT

i11trinsequc. Ainsi, si la Russie qui n1anque de monnaies (Тог et

d'argent, — voulait s'en procurer, mettons роит ип mil]iard dc

тоиЫе5 mdtalliques, il [ui faudrait avant tout qu'elle poss&dit

се milliard, et si elle 1е poss&dait, elle n'aur.1it pas besoin de

se [е procurer. Оп tourne dans ип cercle vicieux.

Et puis la monnaie est suiette аи ,frai (usure). Chaque

pi&ce d'argent de cinq' francs, соттс 1'а prouvek l'enque*te par[e-

mentaire de [847, еп France, perd chaque аппёе 4 milligrammes

de son poids; 1а perte еп poids sur l'or quoique quatre fois

moindre чие sur l'argent, cause de [а durett_k quatre fois plus

grande de Рог, est cependant quatre fois plus grande еп valeur,

Гог ayant ипе valeur intrinsbquc quinze fois et denjic, environ

seize fois, sup&rieure сене de l'argent. Cette enqu&te раг1етеп-

taire а approximativcment тоо.ооо.ооо francs раг аи,

soit trentc milliardsdefrancs еп totalitb, 1es pertes subies sur les

monnaies fabriqu&es depuis la ddcouverte de l'Amerique, qui а

inondd: [е monde de num&raire от et argcnt, et а constat&: qu'i

la date de l'enqu&te, il пе restait plus huit milliards de pi&ces

mdtalliques. C'est donc ипе somme de trcnte milliards de francs

еп m&taux pr&cieux qui ont disparu!