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Monsieur.
Une occasion tout fait impr6vue et inattendue т'а ар-
port6 deux lettres de Votre Excellence. Elles ont et6 d'au-
tant plus consolantes роит moi que les occasions de les те-
cevoir deviennent plus rares de jour еп jour, ев сотте le
gouverneur—g6n6ral yeut tout fait quitter sa place, је пе
sais plus ой ј'еп serai. Је пе prendrai pas sur moi de peindre
toute l'6tendue de la douloureuse sensation, que j'ai 6prouv6
cette nouvelle. Је pourrai vous ennuyer, mais соп-
sid6rez la chose de plus prbs, et Votre Excellence avouera
sans peine, que j'ai Loub lieu d'6tre chagrin6.
Mes enfans, vivant tous seuls P6tersbourg, s'ennuyent
de tout leur cour. lls те marquent qu'ils d6sirent de ve-
nir те voir. Моп pbre craint qu'il еп rbsulte du mal pour
moi. C'est le dernier tribut peutatre, que l'attachement еп•
fantin veut payer la tendresse paternelle; peut-il 0tre
imput6 crime, et quand тёте се seroit d6ji l'attache-
ment flial du јеипе аде, de l'age тис, attachement quoiqu'
afaibli раг des liaisons de di1T6rente espbce, mais attache-
ment plus raisonn6, si les passions пе le d6naturent point?
Non, је пе le croyroi jamais, que la tendresse r6ciproque
d'un pbre et de ses enfans puisse •attirer sur soi ипе ani-
madyersion quelconque, et encore moins celle d'un дои-
vernement 6clair6. Аи reste, ie suis partie dans севе cause,
eL la partie la plus int6ress6e; ainsi је puis faillir dans та
manibre de raisonner.
А la Пп de Septembre j'ai fait le voyage jusqu'h l'em-
bouchure de l'llime, еп partie pour те distraire, et еп раг-
tie роит acqu6rir quelqnes connaissances de l'histoire па-
turelle, ой је suis bien novice. Је r6serve le d6tail роит
та lettre prochaine qui пе tardera pas partir, puisque
j'enverrai incessament ип homme 1rkoutsk роит des