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croissement graduel et successif des capitaux, sont
trop d61icats et trop difficiles saisir, роит qu'il puisse
jamais les comprendre *).
Jamais оп пе persuadera аи peuple qu'un homme,
qui а des terres, des maisons, рпе bonne table, des
domestiques, des chevaux, des chiens etc., пе soit pas
plus heureux que lui, qui пе voit que le travail aprbs
le travail, et qui, s'il n'est pas de la plus stricte Ссо-
nomie, пе peut envisager ипе maladie, ои la plus l6-
gbre diminution dans la demande, роит l'espbce de tra-
vail dont il s'occnpe, sans pr6voir Га plus afreuse mi-
sbre et tons les таих dont elle est la сотрадпе ins6..
parable. Le pauvre demandera toujours се qu'il а fait
la Providence pour 6tre trait6 si dif6remment. Ја-
mais оп пе l'emp6chera de croire que le bonheur пе
soit рад ой il voit l'ext6rieur de l'opulence et les ар-
parences du plaisir; il sera sans cesse tent6 d'imaginer
que c'est ses d6pens que les jouissances du riche
lui ont 6t6 accord6es. Toutes les fois qu'on lui propo-
sera de franchir la distance qui le s6pare du riche et
du puissant; toutes les fois qu'on lui laissera entrevoir
le тоуеп d'entrer еп partage de ces biens qu'il envie
*) П n'est peut•etre rien de si facile d6montrer l'homme instruit,
que l'inRuence des capitaux; rien cependant dc si impossible faire сот-
prendre l'homme du peuple. Qu'on dise ип ouvrier de manufactures
que le plus grqnd malheur qui pat lui arriver, serait d'6tre appcll6
partager par portions 6gales, entre lui et ses camarades, toute la fortune
de l'entrepreneur qui les fait travailler. Qu'on dise ип homme du реи-
ple que si l'on divisait cntre tous les individus qui existent еп Ang1eterro
toutes les richcsses qui s'y trouyent, chacun у mourrait de faim dans
six mois; certainement ils по vous croiront pas, et cependant l'affrma-
tive de ces deux propositions peut se dbmontrer aussi ais6ment чи'аи-
сипе des propositions d'Euclide.