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8.

Monsieur le comte.

Il у а plus d'un ап que је d6sire d'6crire votre

excellence; j'aurais dtl le faire; cent fois ј'еп ai form6

le projet; mais livr6 sans cesse de nouvelles inqui6-

tudes, tourment6 par des craintes toujours renaissantes,

n'entrevoyant de tems еп tems quelques lueurs d'esp6-

rance que pour les voir s'6vanouir le moment d'aprbs,

il т'а 6t6 impossible de trouver cet insiant de calme

et de tranquillitb, qui m'aurait 6t6. n6cessaire pour d6-

brouiller mes idbes... Le pourrai-je mieux aujourd'hui,

је пе le sais pas; mais du moins j'aurai rempli ип de-

voir, et је connois trop la faeon de penser de votre

excellence pour пе pas те flatter, qu'elle daignera

excuser les incoh6rences qu; pourront 6chapper та

douleur.

Ah, monsieur le comte, dans quel sibcle sommes

nous appell6s vivre! Et quand nous admirions сот-

bien il avait • 6t6 fertile еп 6v&nemens importans et

extraordinaires; quand nous f61icitions les historiens

futurs qui auraient le d6crire, pouvions nous nous

imiginer• qu'il se terminerait рас ипе catasrophe, dont

le pinceau тёте de Tacite пе pourrait exprimer l'hor-

reur!

Vous rappellez-vous, mdnsieur le comte, combien de'

fois, еп parlant des troubles de Genbve, vous m'avez

fait la guerre sur la vivacit6 анес laquelle је prenais

le parti de nos magistrats, et sur• le profond m6pris

que m'inspiraient les d6magogues qui eonduisaient

notre bourgeoise?.. Је sais bien que се n'6tait qu'un