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mis irr6conciliables de tout се qui avait quelqn'auto-
rit6 dans la soci6t6 *).
Telle est, monsieur le comte, telle est la classe
d'hommes la plus craindre; d'autant plus vaine, d'au,
tant plus p6trie d'amour-propre qu'ils 0nt moins de
talens r6els, ils se r6gardent сотте des Solons et des
Licurgues, et ils n'estiment rien au-dessus de leur
Sphbre. Entrafnant avec еих cette foule de petits bour-
geois qui, рассе qu'ils ont lu ипе brochure, se croient
еп 6tat de juger l'esprit des loix, ils se persuadent
qu'il п'у а des abus que parce qne се n'est pas еих
qui gouvernent, et ils n'afectent de m6priser les riches-
ses, les grandeurs et les d6corations que parce gu'ils
пе les possbdenb pas. Craignant d'autant moins de se
mettre еп avant qu'ils n'ont rien perdre, ils admi-
rent la r6volution et les maximes f?ancaises, ils atten-
dent ses sate11ite3 avec ипе impatience d'autant plus
vive qu'jls los regardent сотте leurs lib6rateurs et
leurs ve.ngeurs. Ils les appellent рат leurs voeux et
les favorisent рат leurs intrigues. La populace tromp6e
et s6duite pa.r leurs d6clamationS n'est que l'instru-
ment, ils sont la main qui le fait mouvoir.
*) Еп lisant les lettres de Voltaire et d'Alembert et leur corresponp
dance avec le feu roi de Prusse, il est impossible de se dissimuler qu'ils
ont еи pendant tRs-longtems ип projet form6 de d6truire la religion;
projet, auquol le philosophe de Sans-Souci, qui connaissait les hommes,
refusa constamment de conconrir. П serait injuste d'accuser ces deux.
6crivains d'avoir pr6vu les cons6qaences de la doctriue qu'ils travaillaient
si laborieusement r6pandre. Сеих тёте qui ont соппи personnellement
de Voltaire conviEnnent tous que personne n'abhorrait plus que lui
les maximes de 1а noavelle philosophie, et cependant.... Qoelle lecon роит
les hommes imagination! Qu'il serait souhaiter qa'ils ssussent еп
profter.