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Mais, quelqu'utiles que puisset 6tre ces ouvrages, ils

пе remontent pas аих premiers principes, ils пе d6ter-

minent pas d'une manibre parfaitement exacte l'id6e

qu'on doit attacher de certains mots dont оп abuse

avec tant d'audace. Le livre dont је congois l'id6e se-

rait ип ouvrage 6l6mentaire, qui, partant de l'homme

et de sa nature, des vues et du but que s'est propos6

le Cr6ateur еп le formant, le suivrait dans ses dif6rens

d6veloppemens et examinerait chaque 6poque, quels

sont les devoirs que lui imposent sa qualit6 d'homme,

sa d6pendance de l'ttre Supr6me et ses rapports avec

ses semblables.

Que l'homme n'existe pas de toute 6ternit6, qu'il пе

soit pas le produit d'une cause aveugle ои du hasard,

mais qu'il doive son existence ипе ca.use

souverainement puissante et intelligente: c'est 15, топ-

sieur le comte, ипе de ces v6rit6s tellement palpables

qu'il est impossible ип homme sens6 de lui refuser

son assentiment. Quoique les limites que la volont6

du Cr6ateur а mises nos connaissinces, l'impossibi•

lit6 d6montr6e ой nous nous trouvons de p6n6trer

jusqu'h la natur6 et l'essence de 0tres, nous етрб-

chent de pouvoir la d6montrer priori: j'ose eroire

qu'il n'est personne qui soit tent6e de la r6voquer еп

doute. et qu'on peut la regarder сотте ип de ces

axiomes, sup lesquels tous les hommes sont d'accord,

d'autant surtout, qu'il n'est аисип des autres systbmes

contre lequel оп пе puisse faire des objections parfai-

tement insolubles; et qu'ici, s'il пе nous est pas pos-

sible d'avoir ипе d6monstration rigoureuse, nous avons

du moins toutes les raisons qui d6terminent la convi-

ction chez les hommes, lorsqu'ils sont 0blig6s de s'en

tenir 1'analogie.